vendredi 29 avril 2011

De Freudenstadt à Tbilissi

Je n’ai pas partagé avec vous vos expériences de stage en Allemagne ou en Ecosse, cependant la lecture de vos différents billets me rappelle de bons souvenirs de vie à l’étranger. J’ai en effet vécu plusieurs années à Tbilissi, capitale géorgienne perdue dans les montagnes du Caucase. Ce pays m’était totalement étranger et lorsque j’ai foulé pour la première fois cette terre je ne me doutais pas que ce pays allait devenir un peu le mien.

Il y a les premiers jours où chaque seconde est une inconnue habillée d’une surprise ou d’une galère : les babouchka dans les rues vendant les fruits et légumes de saison « Tiens, mais qu’est-ce que c’est que ça ? on dirait une sorte de prune, humm c’est bon ! », l’effervescence et l’agitation de la ville « Ca klaxonne, ça traverse n’importe où, une chose est sûre, ici le piéton n’est pas le roi », les moments épiques face à la bureaucratie géorgienne, encore emprunte du modèle soviétique, pour obtenir une ligne téléphonique ou d’électricité « Alors, il faut que je note et que je retienne comment me présenter, après on verra bien… », les mises en scènes pour acheter du sucre « Mimer la tasse avec une main, verser le sucre de l’autre, puis faire semblant de mélanger avec une cuillère imaginaire, ah ! mais non, ce n’est pas de la farine que je veux, c’est du sucre ! », les dédales de rues défoncées sans noms « Mais je suis déjà passée là… », les sourires - « Ils ont tous des dents en or et pas moi ! », ce flot de paroles incompréhensibles et aux tonalités fortes « Ils ont l’air de s’engueuler, ah mais non, ils s’embrassent… », les minibus pour se déplacer en ville « Ok, donc il faut crier un mot qui ressemble à « gare ta charrette » pour que le chauffeur s’arrête à l’endroit de mon choix, bon, il va falloir que je me lance, j’y vais, ça y est, c’est fait, tiens, mais pourquoi ils me regardent tous avec un sourire, ça doit pas être vraiment ça la prononciation… » et encore tant d’autres moments improbables !

Il y a les premiers mois, où l’on commence à trouver ses repères dans le quotidien, à se créer un bagage linguistique de survie, à faire des rencontres, à découvrir l’histoire et la géographie de ce pays mais où bons nombres d’éléments culturels nous restent encore étrangers et mystérieux.

Il y a les années qui passent, on se sent chez soi. Il reste néanmoins une part d’insaisissable dans la compréhension de la culture de l’autre. Quant à soi, on est à la fois resté semblable et devenu irrémédiablement différent.

4 commentaires:

  1. Joli résumé, chaque moment me paraît tout à fait véridique ! Et parfois on se sent un peu seul. Si on reste longtemps on peut regretter sa maison et sa culture. Puis quand on rentre, on se rend compte qu'une part de soi est restée là-bas. Chacune de ces petites anecdotes forment des souvenirs précieusement conservés et à partager !!!

    RépondreSupprimer
  2. Je suis d'avis qu'on ne peut de toute manière rester semblable après avoir été baigné dans une culture qui n'est pas celle de son quotidien.

    On peut très bien être originaire d'un pays et le découvrir ou le redécouvrir comme un étranger. Pour ma part, j'ai découvert la Turquie à l'âge de 24 ans. Terre d'une partie de mes ancêtres. Je me suis sentie à la fois totalement étrangère dans l'appréhension du pays. Et, en même temps je me suis sentie totalement impliquer et emprise du désir d'apprendre davantage pour rattraper le temps perdue.
    Cet effet là, je ne l'aurais certainement pas connu si je ne m'étais pas rendu sur place en mode fourchette et "sac à dos".

    RépondreSupprimer
  3. Se mettre en danger par son ouverture au monde pour s'enrichir !!!! Belle philosophie !!!
    Tu nous conseilles d'aller visiter la Géorgie ????

    RépondreSupprimer
  4. Si tu aimes les voyages en dehors des sentiers battus, oui!!!

    RépondreSupprimer